Informations issues de nos recherches
Il est intéressant de confronter les sources militaires (registres matricules, fiches MPLF, livre d’or) avec les sources civiles (registres de naissances et mariages).
Cette mise en parallèle aboutit à de nombreuses informations:
Des fratries
Certaines familles de Chevilly ont perdu 2, voire même 3 de leurs enfants à la guerre :
- Edouard et Marie GUDIN se sont mariés en 1875 à Chevilly; leurs deux fils Lucien (né en 1885), et Octave (né en 1890) décèderont à la guerre.
- Jean et Isabelle LECOMTE se sont mariés en 1881 à Chevilly; leurs trois fils Léon (né en 1881), Henri (né en 1884) et Lucien (né en 1897) décèderont à la guerre.
- Louis et Alphonsine BARBERON se sont mariés en 1887 à Sougy; leurs trois fils Louis (né en 1887), Georges (né en 1893), et Maurice (né en 1896) décèderont à la guerre.
- Charles et Marie PEPIN se sont mariés en 1890 à Saint-Lyé; il est boulanger à Chevilly; leurs deux fils Pierre (né en 1892) et Jean (né en 1893) décèderont à la guerre.
- Angel et Gabrielle PORCHON se sont mariés en 1883 à Orléans; il est notaire à Chevilly; leurs deux fils Marcel (né en1885), et Robert (né en 1894) décèderont à la guerre.
- Emile et Marie SOUDAIN se sont mariés en 1886 à Chevilly; il est régisseur à la ferme du Grand-Chevilly; leurs deux fils René (né en 1888) et Rémy (né en 1895) décèderont à la guerre.
Des pères de famille qui ne sont jamais revenus
Les hommes mobilisés en 1914 étaient souvent des jeunes recrues, des hommes célibataires et sans enfants; mais la mobilisation générale rappelait aussi sous les drapeaux des réservistes de 30 voire 40 ans, dont certains étaient mariés et avaient déjà un ou plusieurs enfants :
- René BOURGEOIS, 28 ans en 1914, marié en 1910 à Madeleine Martin, et père de Gilberte la même année
- Eugène CHENEAU, 29 ans en 1914, marié en 1910 à Juliette Réchu, et père de Charlotte en 1913
- Marcel FURET, 25 ans en 1914, marié en 1913 à Louise Fradet, et père de Rolande en 1914 (soit 2 semaines avant la mobilisation)
- Charles MIGNARD, 31 ans en 1914, marié en 1911 à Ernestine Furet, et père de Odette en 1912 et de Charles en janvier 1915
- Constant MOREAU, 29 ans en 1914, marié à Yvonne Samson en 1912, et père de Germain en 1912 et de Germaine en mars 1914
- Georges MOULIER , 40 ans en 1914, marié à Victoire Schneider en 1899, et père de Georgette en 1900
- Pierre FLEUREAU, 32 ans en 1914, marié à Juliette Bercher en 1914, et père de Lucienne la même année.
- Louis BLOT, 34 ans en 1914, marié à Jeanne Caillard en 1910, et père de Mireille en 1911
- Henri LECOMTE, 30 ans en 1914, marié à Henriette Châtelain en 1909, et père de André en 1911
- Léon LECOMTE, 33 ans en 1914, marié à Marie Castin (année ?), et père de Pierre en 1913
- SAUGER Joseph, 42 ans en 1914, marié à Georgette Mare en 1908 , et père de Marcelle en 1909
- LEFIEVRE Hector, 29 ans en 1914, marié à Marie Tourne en 1913, et père de Raymond en 1914, Lucienne en 1917, et Roger en 1924 (cas particulier car Hector Lefièvre est revenu de la guerre, mais est décédé en 1931 des suites de ses blessures, suite à quoi ses 3 enfants deviendront Pupilles de la Nation)
La commune de Chevilly compte ainsi, à l’issue du conflit, 12 veuves de guerre et 16 orphelins qui seront « adoptés par la Nation ». Parmi ces femmes endeuillées, certaines se remarieront dans les années suivant la guerre (même si une nouvelle union les privait de leur pension, elles pouvaient sans doute difficilement élever seules leurs enfants) :
- Ernestine FURET, veuve de Charles MIGNARD et mère de deux enfants avant la guerre, se remarie en octobre 1920 à Albert PLUCHON à Chevilly
- Juliette BERCHER, veuve de Pierre FLEUREAU et mère d’un enfant en 1914, se remarie en 1923 à Ernest COLLEAU à Villereau
- Henriette CHATELAIN, veuve de Henri LECOMTE et mère d’un enfant en 1911, se remarie à Charles DAVID en 1919 à Chevilly
- Marie CASTIN, veuve de Léon LECOMTE et mère d’un enfant en 1913, se remarie à Jules DESLANDES en 1920 à Chevilly
Des professions multiples
Les hommes mobilisés exerçaient, pour la plupart, des métiers agricoles (cultivateur, journalier, charretier de labour, … ) ou liés à l’agriculture (charron, bourrelier, sellier, …). Ils laisseront leurs femmes s’occuper des travaux des champs.
De par la proximité de la ligne de train Paris-Orléans, on trouve aussi des terrassiers, des poseurs ou des auxiliaires aux Chemins de fer.
Par ailleurs, de nombreuses autres professions sont représentées: bûcheron, charcutier, boulanger, épicier, maçon, mécanicien, laitier, tonnelier, serrurier, … Cela prouve que l’ensemble de la population du village a été engagée dans le conflit. On trouve même un instituteur, deux étudiants, deux clercs de notaire, et même un perruquier, un ecclésiastique et un valet de chambre !
L’église de la paroisse, le cimetière de la commune :
Comme dans de nombreuses paroisses de France, l’église de Chevilly abrite une plaque où sont gravés les noms des enfants de la commune morts au champ d’honneur. Il est curieux de noter que, parmi nos 69 poilus, quatre d’entre eux (dont trois de Creuzy) figurent sur le Monument aux Morts du cimetière, mais pas sur la plaque de l’église. Il se dit parfois qu’ à l’époque, une personne aux idées politiques trop à gauche ne pouvait pas figurer à l’intérieur d’un église …
Des énigmes …
Quatre noms figurent sur le Monument aux Morts (et sur la plaque de l’église) alors qu’ils ne sont pas sur le Livre d’or (*) et n’ont pas été déclarés Morts pour la France (ils ne figurent pas dans la base Mémoire des Hommes) (**) :
- GOUGEON Maurice
- PERRON Félix
- VIÉ André
- LEFIEVRE Hector
Hector LEFIEVRE est un cas à part parmi cette liste: n’étant pas décédé pendant la guerre mais chez lui à Creuzy en 1931, il n’a pas obtenu la mention «Mort pour la France». Toutefois, il figure sur le Monument aux Morts de la commune.
Un hôpital de campagne à Chevilly
De nombreux bâtiments publics dans le Loiret, notamment des écoles, ont été transformés en hôpitaux militaires.
A Chevilly, un tel établissement temporaire a fonctionné de septembre 1914 à novembre 1916.
Il a été identifié sous le nom « Hôpital bénévole n°39 bis / quater ».
En fait il était réparti sur plusieurs sites: 12 lits dans une « école privée » (?), 6 lits dans la maison de M. Darblay, et enfin 4 lits dans la maison de M. Porchon (le notaire de l’époque).
Les journées les plus meurtrières
Au tout début du conflit, la bataille des frontières (du 20 au 24 août 1914) conduit les deux armées rivales à la course à la mer. Les poilus de Chevilly n’échappent pas à ce massacre : 3 d’entre eux tombent le 22 août 1914, journée la plus sanglante de toute l’Histoire militaire de la France (27000 soldats français perdent la vie, soit plus que pendant toute la Guerre d’Algérie, et 4 fois plus qu’à Waterloo).
La population de la commune décimée par le conflit :
En 1916, les registres d’état civil de la commune dénombrent 28 décès; 10, soit plus d’un tiers, sont des transcriptions de décès de poilus morts sur le champ de bataille.
En 1917 ce chiffre est de 6 sur 27, en 1920 il est de 10 sur 37, soit près d’un tiers là aussi.
Les théâtres d’opérations extérieures : des campagnes militaires « exotiques » pour nos poilus :
Si l’essentiel des combats s’est déroulé en France, la Première Guerre Mondiale a également vu certaines opérations se dérouler en Afrique (AOF, Afrique du Nord) ou en Orient (Grèce, Turquie).
Si la majorité des poilus de Chevilly a été incorporée dans des régiments proches du Loiret (131ème RI à Orléans, 113ème RI à Blois, …), certains d’entre eux sont aussi partis se battre bien loin de nos contrées …
Cliquer ici pour lister ces marins, zouaves ou tirailleurs sénégalais.
(*) Livre d’or: ce sont les listes officielles des soldats tués durant le conflit, dressées par chaque commune de France. C’est l’Etat qui, en 1919, a chargé le Ministère des Pensions d’établir ces listes.
(**) Base Mémoire des Hommes: ce portail permet (entre autres) de consulter la liste des 1,3 millions de fiches individuelles de militaires décédés au cours de la Guerre et ayant obtenu la mention « Mort pour la France »